Mgr Dominique Blanchet (à gauche) et des élus du Val-de-Marne © I.MEDIA / AK
Reçus par Léon XIV ce 28 août 2025, une quarantaine d’élus français du Val-de-Marne, de diverses étiquettes politiques, croyants ou non, ont livré leurs impressions, saluant un homme « apaisant », lors d’un point presse auquel a participé I.MEDIA. Commentant les réserves du pape sur une certaine conception de la laïcité dans l’Hexagone, ces responsables politiques réunis à Rome pour un voyage d’étude à l’initiative du diocèse de Créteil, ont vu dans ses paroles un appel à la « cohérence » entre vie privée et vie publique.
Le pape est « une voix qui porte chez nous et dans le monde » a souligné le maire de Fontenay-sous-Bois Jean-Philippe Gautrais. L’élu du Nouveau front populaire (NFP) a mis en avant la volonté du nouveau pontife de recevoir des politiques français en ce début de pontificat – le projet avait été initié avant la mort du pape François –, lisant dans cette audience un « message important ».
Après les échanges individuels avec le chef de l’Église catholique, qui a pris le temps de les saluer un par un durant la rencontre, tous se disaient marqués par la sérénité et l’écoute qui se dégageaient de lui. « Il écoutait vraiment. […] Il vous regarde dans les yeux et il répond en vous ayant écouté », a insisté Charles Aslangul, maire de Bry-sur-Marne, du parti Les Républicains (LR). Le maire sans étiquette de Marolles-en-Brie, Alphonse Boye, a décrit une « autorité apaisante, simple, qui vous accueille ». « C’est quelqu’un qui est en paix, cela s’exprime dans son visage, son regard, et cela fait du bien. Il est pacifiant », a abondé le maire de Saint-Maurice, Igor Semo (LR).
« L’exception » de la laïcité à la française
Dans son discours lu en français, qui s’adressait surtout aux élus de confession catholique, le pape n’a pas hésité à pointer du doigt les dérives d’une certaine laïcité « mal comprise » en France, et a exprimé sa conviction que le christianisme « ne peut se réduire à une simple dévotion privée ». Les maires ont convenu que le modèle français de laïcité, souvent mis en question par les papes, était « une exception » dans le paysage politique international. « La laïcité à la française est très mal comprise à l’international », a glissé Alphonse Boye.
Non-catholique, Igor Semo a vu du bon sens dans les paroles du pape : « Quand on exerce une fonction publique, il faut être en cohérence avec ce que l’on est aussi en privé ; il s’agit d’avoir les mêmes valeurs, qu’il n’y ait pas de distorsion », a-t-il estimé. Si Léon XIV parlait principalement aux chrétiens, les membres de la délégation ont transcrit cet appel à la cohérence pour eux, a souligné l’évêque de Créteil, Mgr Dominique Blanchet, y percevant un message « inspirant ».
Alors que « le fait religieux revient en France, […] en tant que maire nous allons devoir gérer de plus en plus cette laïcité typiquement française », a noté quant à elle Charlotte Libert (UDI), maire de Vincennes et conseillère régionale. Ces dernières années, des jeunes se rapprochent de la religion, comme en témoigne au sein de l’Église catholique l’augmentation conséquente des catéchumènes.
La mise en valeur du dialogue interreligieux
Autour de la table, la voix de Karim Benaïssa, recteur de la mosquée de Créteil et président du Rassemblement des associations musulmanes du Val-de-Marne (RAM94), s’est unie aux élus pour saluer ce moment « historique ». « Pour moi, musulman pratiquant, la rencontre avec le pape a été un moment inoubliable », a-t-il affirmé.
Au côté de Mgr Blanchet, il a témoigné de leur amitié et de leur engagement pour le dialogue interreligieux, sur un territoire où cohabitent de fortes communautés de musulmans et de juifs. « Nous voulons mettre en valeur ce qui se fait dans le dialogue interreligieux dans le Val-de-Marne, et il n’y a pas de meilleure explication que ma présence à Rome », a déclaré le recteur.
En souvenir de cette visite, les élus ont offert au pape divers cadeaux de leurs villes, comme un ouvrage sur le peintre Eugène Delacroix, du miel, une bouteille de Champagne, un Bleuet du Débarquement de Normandie – un clin d’œil au père de Léon XIV qui a participé comme soldat à l’opération américaine – ou encore un gâteau portant une photo-souvenir de sa présence en Corse, lors du voyage du pape François en décembre 2024, alors qu’il était cardinal préfet du dicastère pour les Évêques.
Cette rencontre avec le pape permet finalement de « nourrir la réflexion » à une période « où l’on s’interroge tous sur l’éventualité d’un autre mandat ou non », a soufflé Alphonse Boye, déclenchant les sourires de ses pairs. Les prochaines élections municipales doivent avoir lieu en mars 2026.
À Rome, Anna Kurian, de l’agence I.MEDIA
L’article Un pape “apaisant” et “à l’écoute” : Les élus du Val-de-Marne marqués par Léon XIV est apparu en premier sur Diocèse de Créteil.